© Christophe Raynaud de Lage

Guillaume Séverac-Schmitz tourne Roméo et Juliette en dérision

Au ThéâtredelaCité à Toulouse, le metteur en scène s’empare de la pièce phare de Shakespeare et cherche à en proposer une lecture contemporaine qui peine à surpasser l’ironie.
8 octobre 2025
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Peu à peu, Guillaume Séverac-Schmitz semble faire de Shakespeare son terrain favori. Après Richard II et Richard III, le metteur en scène s’attaque au méga tube du dramaturge élisabéthain. Dans un espace aux blancheurs aseptisées, à grand renfort de fumée et de musique électro, il cherche un relief contemporain à Roméo et Juliette. Pour ce faire, il opte pour une version resserrée grâce à une nouvelle traduction signée Clément Camar-Mercier. Mais à vouloir forcer le trait populaire de cette pièce séculaire, c’est toute la tragédie qui s’effondre derrière l’ironie.

En faisant le choix de pousser à l’extrême les postures de jeu de ses interprètes jusqu’à l’autodérision, Guillaume Séverac-Schmitz invite à ne pas prendre ce mythe au sérieux. Tout semble s’y jouer au second degré, jusqu’aux scènes les plus dramatiques et empreintes de poésie qui, dans cette approche, prêtent plus à rire que les parenthèses comiques du texte original. Dès lors, c’est toute la lecture de cette création qui s’en trouve biaisée. Difficile d’accepter les rares percées sensibles pour argent comptant, quand celles-ci risquent à tout moment de s’auto-détruire.

Drôle de tragédie

La volonté d’aborder Roméo et Juliette à travers un regard moderne pour en favoriser l’accessibilité reste très lisible, notamment dans l’esthétique dont l’épure hésite entre austérité et accents punk. Dans ce cadre, la scénographie d’Emmanuel Clolus, les lumières de Michel Le Borgne et les costumes d’Emmanuelle Thomas jouent le jeu. Dans sa quête incessante d’un rapport public détaché de la tragédie, cette version abat finalement la carte du grand spectacle plutôt que celle de la dramaturgie. Un parti pris qui trouvera ses partisans, à n’en pas douter.


Roméo et Juliette de William Shakespeare
Création
ThéâtredelaCité – Toulouse
Du 2 au 8 octobre 2025
Durée 2h15.

Tournée
9 & 10 décembre 2025  au Théâtre Château Rouge – Annemasse
12 & 13 janvier 2026 au Parvis – Scène Nationale de Tarbes
16 & 17 janvier 2026 au Théâtre de l’Archipel – Scène Nationale de Perpignan
20 janvier 2026 au Théâtre Molière de Sète – Scène Nationale Archipel de Thau
22 & 23 janvier 2026 au Théâtre-Cinéma – Scène Nationale du Grand Narbonne
27 – 29 janvier 2026 à la MAC – Maison des Arts de Créteil
24 février 2026 au Théâtre – Scène Nationale d’Angoulême
26 février 2026 à l’Odyssée – Scène Conventionnée de Périgueux
28 – 30 avril 2026 au Théâtre de Caen
12 & 13 mai 2026 à L’Estive, Scène nationale de Foix et de l’Ariège

Texte : William Shakespeare
Nouvelle traduction et adaptation : Clément Camar-Mercier
Mise en scène et conception : Guillaume Séverac-Schmitz
Avec Mathilde Auneveux, Olivia Corsini, Clémence Coullon, Marine Gramond, Guillaume Morel, Olivier Sangwa, Lydia Shelley et Philippe Smith
Scénographie : Emmanuel Clolus
Chorégraphie : Juliette Roudet
Direction musicale : Lydia Shelley
Création lumière : Michel Le Borgne
Création et régie son : Géraldine Belin
Création vidéo : Stéphane Pougnand
Création costumes : Emmanuelle Thomas
Régie générale et lumières : Léo Grosperrin
Régie plateau et accessoires : Sébastien Mignard
Régie plateau : Yann Ledebt

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